Pourquoi des teneurs aussi élevées en nitrates dans les puits et forages de la vallée du Sourou au Burkina Faso? Enquêtes de 2006 à 2014

Why high nitrates concentrations in the wells and drillings of the Sourou Valley in Bukina Faso? Survey 2006-2014

¹ Université de Liège, Département des Sciences et Gestion de l’Environnement, 185 Av. de Longwy, 6700 Arlon, Belgique
² Institut de Recherche en Sciences de la Santé, 03 BP 7192, Ouagadougou, Burkina Faso
³ Centre de Recherche en Sciences biologiques, alimentaires et nutritionnelles, Université de Ouagadougou 03 BP 7023, Ouagadougou, Burkina Faso

^* Auteur de correspondance : F. Rosillon, f.rosillon@ulg.ac.be

Résumé

Dans le cadre du contrat de rivière Sourou, un réseau de surveillance de la qualité des eaux souterraines a été mis en place à travers 8 campagnes de prélèvement effectuées de 2006 à 2014. Les échantillons d’eau provenaient de 23 forages et 9 puits localisés dans la vallée du Sourou. Parmi les paramètres physico-chimiques analysés, les concentrations observées en nitrates étaient préoccupantes. Sur les 32 points d’eau analysés, 14 d’entre eux fournissaient une eau contenant des teneurs en nitrates supérieurs à la valeur seuil de potabilité de l’OMS de 50 mg NO₃/L, soit 44 % de non-conformité. Des concentrations très élevées, supérieures à 500 mg NO₃/L avec un pic à 860 mg/L, ont été observées. Étant donné les importantes variations observées d’un ouvrage à l’autre, une contamination généralisée de la nappe n’était pas envisageable. Un diagnostic, au cas par cas, a permis d’identifier les causes possibles de cette dégradation. Plusieurs pistes de contamination, en lien avec les activités anthropiques, ont été évoquées à proximité des ouvrages : la défécation sauvage animale et humaine, la présence de latrines à fond perdu, des fosses fumières, des dépôts de déchets, des rejets d’eaux usées. Il convient aussi de s’interroger sur l’impact de l’utilisation de la dynamite pour le creusement des ouvrages, celle-ci pouvant laisser dans l’eau des traces de nitrates. Cette eau non potable est cependant utilisée par les populations rurales du Sourou. Plutôt que l’abandon des forages ou puits fortement contaminés, la mise en place de périmètres de protection au sein desquels seraient éliminées les sources de contamination, peut améliorer la situation. Ne faudrait-il pas aussi faire preuve de prudence lors de l’usage d’explosifs nitratés pour le forage de nouveaux ouvrages?

Abstract

Within the framework of the contract of Sourou River, a survey of the groundwater quality was performed through 8 campaigns of water sampling and analysis from 2006 till 2014. The water samples resulted from 23 drillings and 9 wells located in the Sourou Valley. Among the analyzed physico-chemical parameters, the nitrates concentrations ob served were worrisome. Out of 32 water sources, 14 (44%) supplied a nitrates content superior to the WHO threshold value for drinking water (50 mg NO₃/L). Very high concentrations, superior to 500 mg NO₃/L with a peak in 860 mg/L, were observed. Given the important variations observed from a sampling point to another, a generalized contamination of the total aquifer was not possible. An individual diagnosis allowed to identify the possible causes of this degradation. Several sources of contamination, in connection with the anthropological activities, were observed near the water facilities (drillings/wells): animal and human wild defecation, presence of nontight latrines, solid waste, wastewater discharges. It is also advisable to wonder about the impact of the dynamite use for digging wells, this one being able to leave nitrates in the water. With regard to the intensive use of water from the strongly contaminated wells and drillings by the rural populations of Sourou, implementing protection areas within which would be eliminated the sources of contamination in addition to health education among populations could improve the situation. Care should also be taken in the use of nitrates explosives for digging new wells or drillings.